Comment l’activité physique influence la digestion et le transit intestinal

5 juillet 2025

Comprendre les liens entre mouvement et système digestif

Bouger pour entretenir la santé digestive est une idée largement répandue, mais rarement expliquée en détail. Quels sont les mécanismes mis en jeu ? Pourquoi l’activité physique semble-t-elle améliorer le confort digestif chez beaucoup, et dans quelles limites ? On sait aujourd’hui que la sédentarité favorise constipations, ballonnements, voire douleurs abdominales, alors que l’activité physique régulière est souvent conseillée avec d’autres mesures hygiéno-diététiques pour prévenir ce type de troubles.

Pourtant, il ne s’agit pas d’une panacée universelle. Selon les habitudes, l’âge, le type d’activité ou encore certaines pathologies, les effets peuvent varier. Comprendre comment le mouvement peut, ou non, aider votre digestion : c’est l’objectif de cet article, éclairé de données scientifiques et d’exemples concrets.

Ce que dit la science : l’activité physique, un moteur pour le transit

Effets mécaniques, neuro-hormonaux et microbiote intestinal

L’impact de l’activité physique sur la digestion s’explique par plusieurs mécanismes complémentaires. En voici les principaux :

  • Stimulation mécanique du transit : La contraction des muscles abdominaux et pelviens lors du mouvement aide à l’avancée des contenus intestinaux : c’est le “massage” mécanique naturel de l’exercice sur le tube digestif (source : INSERM, 2019).
  • Effet sur le système nerveux autonome : L’activité physique modérée favorise l’activation du système nerveux parasympathique, qui stimule le réflexe gastro-colique (c’est-à-dire l’augmentation du péristaltisme intestinal après la prise alimentaire – source : Société Nationale Française de Gastro-Entérologie, SNFGE).
  • Influence hormonale : Bouger entraîne une libération de certaines hormones (endorphines, sérotonine) qui, outre leur rôle sur l’humeur, modulent les contractions intestinales (source : Revue Nature Reviews Gastroenterology).
  • Effet sur le microbiote : Des études récentes (Université de l’Illinois, 2017) ont montré que l’activité physique régulière diversifie le microbiote intestinal, favorisant ainsi la digestion et l’absorption des nutriments.

Que disent les études cliniques ?

Une méta-analyse publiée en 2019 dans Scandinavian Journal of Gastroenterology relève une diminution significative de la fréquence des constipations chroniques chez les personnes pratiquant au moins 30 minutes d’activité physique d’intensité modérée (marche rapide, vélo, natation) cinq jours par semaine.

Des essais menés auprès de personnes âgées – population particulièrement à risque de ralentissement du transit – montrent une augmentation de la fréquence des selles, une consistance améliorée et une réduction de l’utilisation de laxatifs en cas d’exercice doux et régulier (Davies et al., 2015).

Chez les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable (SII), l’activité physique a également démontré une diminution de la sévérité des symptômes abdominaux dans plusieurs études randomisées (Haase et al., 2014). Toutefois, certains sports très intenses peuvent, dans ces cas précis, aggraver temporairement les troubles digestifs.

Activité physique et transit : quels types d’exercices privilégier ?

Les pratiques les plus bénéfiques selon la littérature

  • La marche : Simple, accessible et bien tolérée. Selon une étude menée auprès de 132 volontaires constipés, marcher 10 à 15 minutes après chaque repas a permis d’améliorer la fréquence du transit intestinal chez 79% d’entre eux (lien : World Journal of Gastroenterology, 2014).
  • L’aquagym ou la natation douce : L’effet hydrostatique de l’eau agit comme un massage abdominal continu, tout en limitant l’impact articulaire.
  • Le yoga et le Pilates : Certaines postures favorisent la détente viscérale et facilitent les mouvements intestinaux. Plusieurs publications rapportent la diminution des constipations et ballonnements avec la pratique régulière de postures comme la torsion assise, le chien tête en bas ou des exercices de respiration profonde.
  • Le renforcement musculaire doux : L’activation régulière des muscles du tronc et du plancher pelvien soutient les organes digestifs et encourage la motilité intestinale.

Quand et comment bouger pour soutenir la digestion ?

  • Eviter l’exercice intense juste après un repas copieux : Après un repas, le système digestif mobilise une partie du flux sanguin pour assurer la digestion. Un effort physique très intense à ce moment peut provoquer des troubles digestifs (nausées, reflux, crampes). Il est alors conseillé d’attendre au moins 1h-1h30 ou d’opter pour une marche tranquille.
  • Privilégier la régularité : Quelques minutes de mouvement plusieurs fois par jour sont plus efficaces que de longues séances espacées.
  • Etre à l’écoute de son corps : Adapter l’activité à ses sensations digestives (si ballonnements après un repas, préférer le yoga ou la marche à une sortie course à pied, par exemple).

Idées reçues et précautions

  • Non, l’activité physique ne remplace pas une alimentation équilibrée : Pour favoriser la digestion, l’hydratation et l’apport suffisant en fibres (fruits, légumes, céréales complètes) restent fondamentaux.
  • L’activité physique très intense peut parfois aggraver certains troubles : Chez les sportifs d’endurance (marathon, triathlon…), on observe fréquemment des diarrhées, reflux et “intestins irritables de l’effort” (source : American College of Gastroenterology). Pour le grand public, varier intensité et durée prévient ce type d’effet indésirable.
  • Chacun a son rythme : Les bénéfices sur le transit interviennent souvent au bout de quelques jours à plusieurs semaines de pratique régulière, et les effets varient selon l’âge, l’état de santé, le niveau de sédentarité préalable.

Conseils pratiques pour booster son transit grâce au mouvement

  • Privilégier les activités engageant le bassin et la sangle abdominale (marche, vélo doux, danse).
  • Après un repas, marcher 10 à 20 minutes ou pratiquer des étirements doux.
  • Réaliser des exercices de respiration abdominale profonde pour activer le diaphragme, qui exerce une pression positive sur les organes abdominaux.
  • Pour les personnes à mobilité réduite : exercices d’assouplissement, travail du plancher pelvien, rotation douce du tronc en position assise.
  • Boire de l’eau tout au long de la journée pour accompagner l’effet stimulant du mouvement sur les intestins.

Quelques exercices simples à tester

  1. La marche active : 3 à 4 fois par semaine, 30 minutes suffisent pour observer un effet sur la régularité du transit.
  2. Rotations douces du bassin : Debout ou assis, faire des cercles lents pour “mobiliser” la zone pelvienne.
  3. Exercice de torsion assise : Assis sur une chaise, poser la main droite à l’extérieur du genou gauche et tourner le buste doucement à gauche, puis changer de côté. Répéter 5 à 10 fois de chaque côté.
  4. Respiration ventrale : Allongé(e) sur le dos, mains sur le ventre, inspirer lentement en gonflant l’abdomen, expirer en relâchant. 5 minutes, 2 à 3 fois par jour, facilitent la détente abdominale.

Les clés pour intégrer durablement le mouvement au service de sa digestion

Soutenir sa digestion par le mouvement se construit dans la constance, sans chercher la performance. Le vrai progrès s’observe dans le mieux-être ressenti au quotidien : moins de lourdeurs, un ventre plus “réveillé”, une relation plus apaisée à son propre corps. Pour la majorité, l’activité physique douce et régulière, associée à une alimentation adaptée, des temps de repos et une bonne hydratation, suffit à améliorer la qualité de vie digestive.

En cas de troubles persistants ou d’apparition de symptômes inhabituels (saignements, amaigrissement, douleurs abdominales sévères), il est essentiel de consulter un professionnel de santé avant de modifier en profondeur son mode de vie.

Entre idées reçues et réalité physiologique, l’activité physique reste l’un des piliers (trop souvent sous-estimé) du confort digestif. Agir par le mouvement, c’est aussi reprendre confiance en sa capacité à agir sur sa santé, jour après jour.

Ressources complémentaires :

En savoir plus à ce sujet :

Publications