Les effets de l’activité corporelle sur le stress et l’anxiété : ce que révèle la science

23 juin 2025

Stress et anxiété : comprendre de quoi il s'agit

Avant d’explorer les effets de l’exercice, il convient de distinguer stress et anxiété :

  • Le stress est une réaction physiologique et psychologique à un événement perçu comme une menace ou un défi (physique, émotionnel ou social).
  • L’anxiété correspond à une anticipation, parfois irrationnelle, d’un danger. Plus diffuse, elle s’installe sur la durée.

Ces deux états activent notamment le système nerveux sympathique, responsable des fameuses réactions « fuite ou lutte », entraînant accélération du rythme cardiaque, tensions musculaires et augmentation du niveau de cortisol, l’hormone du stress.

L’exercice physique : un allié reconnu pour le cerveau

Des effets neurochimiques validés

Lorsque l’on bouge, le cerveau libère plusieurs substances qui influencent directement notre humeur :

  • Endorphines : immunisées contre la douleur et réputées pour leur effet « euphorisant », ces hormones sont associées au bien-être post-effort. Une étude menée par l’Université d’Hambourg (2012) prouve une augmentation significative des endorphines dans le cerveau après 30 à 45 minutes d’effort modéré (source : NCBI).
  • Sérotonine : surnommée « l’hormone du bonheur », elle module stress et anxiété. L’activité continue et régulière (marche rapide, vélo…) favoriserait sa production selon l’Inserm (Inserm).
  • Noradrénaline et dopamine : impliquées dans la régulation de l’attention, la motivation et l’adaptation au stress.

Ce que montrent les études cliniques

L’intérêt thérapeutique de l’exercice sur l’anxiété n’est plus à démontrer : une méta-analyse de 2023 publiée dans le British Journal of Sports Medicine portant sur plus de 97 essais cliniques conclut que l’activité physique, toutes formes confondues, a un effet modéré à fort sur la diminution des symptômes anxieux (British Journal of Sports Medicine).

  • Les exercices d’intensité modérée (marche, aquagym) seraient particulièrement efficaces pour les personnes non sportives ou anxieuses.
  • L’effet se manifeste en moyenne après 3 à 12 semaines de pratique régulière.
  • L’activité physique réduit de 20 à 30% le risque de développer un trouble anxieux au cours de la vie (source : Lancet Psychiatry, 2018).

Mécanismes d’action corporelle de l’exercice sur le stress

1. Réguler les hormones du stress

Lors d'une séance d’exercice, le pic de cortisol augmente mais, paradoxalement, une activité régulière modifie la manière dont le corps réagit aux stresseurs. On observe une amélioration de la résilience, avec une baisse des sécrétions hormonales délétères à moyen terme (American Psychological Association).

2. Action sur le système nerveux autonome

Bouger stimule le système nerveux parasympathique, qui favorise la récupération et le relâchement musculaire. Après quelques semaines d’activité, la variabilité de la fréquence cardiaque (un indicateur de gestion du stress) s’améliore nettement, phénomène avancé notamment par l’Université de Harvard.

3. Réentraînement du corps à la détente

  • Mobiliser les muscles et les articulations aide à libérer les tensions accumulées : cet impact, tangible dès la première séance, est visible sur les personnes sujettes aux maux de dos ou à la migraine d’origine tensionnelle.
  • Plus de 50% des consultants en activité physique adaptée rapportent une amélioration de leur sommeil, facteur clé pour la récupération psychique (étude Santé Magazine).

Quels types d'exercices sont les plus bénéfiques contre le stress et l’anxiété ?

Mais faut-il vraiment « transpirer » ?

Contrairement à une idée reçue, toutes les activités physiques apportent des bénéfices, et il n’est pas nécessaire d'atteindre des sommets d’intensité :

  • Les activités aérobies douces (marche, natation, vélo) conviennent à la majorité et sont celles pour lesquelles les liens avec l’apaisement de l’anxiété sont le mieux documentés.
  • Yoga, tai-chi, Qi Gong : ces disciplines combinent exercice physique, respiration et attention au corps, renforçant davantage la gestion du stress chez de nombreuses personnes (dans l'étude Frontiers in Psychiatry, 2011, le yoga réduit en moyenne de 25% la perception d’anxiété en 8 semaines).
  • Entraînement en résistance (exercices avec charges légères, gym douce) : bénéfique y compris chez les plus de 60 ans ; adapté aux personnes ayant une mobilité réduite.

Les critères d’efficacité, selon la science

  • Régularité : ce n’est pas l’intensité mais la constance qui compte. Une fréquence de 3 séances de 30 à 45 minutes par semaine suffit déjà pour ressentir un changement.
  • Adaptation à chacun : écouter ses ressentis, privilégier une activité qui plaît et qui respecte les capacités du moment maximise les bénéfices.
  • Progression : commencer doucement, puis augmenter progressivement la durée ou l’intensité permet d’éviter la démotivation.

Effets psychologiques et retentissements sur le quotidien

Un regain de confiance en soi et des aptitudes de gestion émotionnelle

L’exercice agit comme un cercle vertueux. S’engager dans une pratique régulière développe la sensation de maîtrise et d’efficacité personnelle – deux facteurs associés à la résilience psychologique, selon l’OMS.

  • La perception d’un corps plus mobile et fort diminue l'impression d’être vulnérable aux stress externes.
  • Certaines études en psychologie expérimentale (Université de Stockholm, 2017) démontrent que l’activité physique améliore les capacités à résoudre des problèmes et à prendre du recul face aux événements stressants.

L’exemple de la crise de panique

Des protocoles de « mise en mouvement » (pompes murales, marche rapide ou exercices de respiration active) sont de plus en plus intégrés dans les stratégies de première ligne pour aider à désamorcer la montée d’une crise anxieuse (Anxiety.org).

Freins, précautions et ressources pour intégrer l’activité physique sans en faire un stress supplémentaire

Lever les barrières courantes

  • Peur du jugement : choisir des activités individuelles ou à domicile (ex : vidéos guidées, plateformes adaptées) est aussi efficace que les séances en groupe.
  • Manque de temps : fractionner en 3 séances de 10 minutes donne déjà des résultats tangibles sur l’anxiété et la gestion du stress (OMS, 2022).
  • Fatigue ou douleurs : la priorité reste d’adapter le rythme. L’activité adaptée (APA) est encadrée par des professionnels et accessible sur prescription médicale pour les personnes fragiles.

Barrières psychologiques et solutions concrètes

  1. L’impression d’échec : valoriser chaque petit pas (par exemple, installer un podomètre et fêter chaque nouveau pallier) aide à garder la motivation.
  2. La crainte de nuire à sa santé : pour les personnes à risque (affections cardiaques, psychiatrie), l’avis d’un professionnel de santé est souhaitable. De nombreux réseaux de « sport santé sur ordonnance » existent désormais en France.

Des ressources pour aller plus loin

  • Sport & Santé : base de données d’activités adaptées, en fonction de ses besoins.
  • Ameli - Sport & Santé : point d’information officiel sur les bienfaits des différentes formes d’activité physique.
  • Manger Bouger : conseils pratiques pour intégrer l’activité physique dans son quotidien.

Pour rebondir : le mouvement comme outil accessible à tous

L’exercice physique s’impose aujourd’hui comme une puissante ressource pour tous ceux qui souhaitent apprivoiser leur stress ou leur anxiété, sans pour autant chercher la performance. Les bénéfices touchent le corps, le cerveau et – surtout – la qualité de vie au quotidien. Que l’on reprenne en douceur ou que l’on cherche à préserver son équilibre, le principal est d’oser franchir le pas, à son rythme. Le mouvement, dans toutes ses formes, reste l’un des rares remèdes universels et personnalisables, validé par la science, pour mieux vivre avec nos émotions.

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